les coccinelles
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akiko

akiko


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MessageSujet: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 18:58

Voici ici quelques témoignages récupérés sur http://www.accompagnement-naissance.com

De tradition orale, je me demande comment mettre en commun ces histoires de femmes pour nourrir d’autres femmes. Inspirées de faits et vécus réels, les noms sont de pure fiction. De conversations en conversations, découvrez d’autres réalités. Quand le monde s’ouvre avec d’autres perspectives, on enrichit profondément sa vie. Tout est question de point de vue.

1 - Se préparer ou être accompagnée ?

"Christine : « Dis-moi. De plus en plus d’articles parlent de l’accompagnement à la naissance. Moi, je croyais que j’étais venue ici pour une préparation à la naissance. Quelle est la différence entre accompagnement et préparation ? »

L’accompagnante : que veux tu savoir exactement ?

Christine : Et bien, je me rends compte que depuis que je travaille avec toi, ce que nous évoquons ensemble m’accompagne chaque jour dans la vie quotidienne. Mon mari, qui ne t’a vu qu’une seule fois, a même changé sa manière d’aborder les choses avec notre fils. Et plus qu’une préparation, j’ai l’impression qu’on a été accompagnés dans notre vie de famille. Est-ce bien ça ?

L’accompagnante : oui, je vois bien ce que tu veux dire. Donc si je comprends bien, tu veux savoir quelle différence notoire il y a entre être préparée ou accompagnée ? Bon. C’est une vision très personnelle. Je vais te raconter l’histoire de Nathalie. Ça va ? Tu as du temps ?

Christine : oui.

L’accompagnante : Nathalie est enceinte de 6mois. Elle a décidé de suivre le cours de poussée à la maternité. En parallèle, elle venait aux cours en piscine.
Tu me suis ?

Christine : oui. Comme beaucoup, elle a pris de l’info dans plusieurs endroits différents.

L’accompagnante : C’est exact.
Au cours d’une séance en piscine, Nathalie m’interpelle en me disant :
« Au cours de la séance en maternité, on m’a indiqué comment pousser pour l’expulsion du bébé. C’est la formule : inspirer, bloquer, pousser.
Or, ici, en piscine, on expérimente toutes les façons d’ouvrir le bassin sans forcer, ni pousser, ni retenir le souffle. Je comprends que bloquer et pousser ne sont donc pas indispensables. J’entends cela comme la façon d’accompagner le travail et la sortie du bébé sans forcer. Ca me plait d’ailleurs.
Mais maintenant, je ne sais plus trop où j’en suis et ce que je dois faire maintenant pour le jour J. »

Christine : sans vouloir rentrer dans le débat, il y a souvent des informations contradictoires même entre les professionnels de santé. Continue.

L’accompagnante : Attends. J’y arrive.
A ce moment là, tu t’imagines, frémissement général dans le groupe. Tout le monde acquiesce.
Pour répondre, je demande au groupe :
« Fermez les yeux et sentez ce qui se passe dans le bassin, quand on inspire et bloque la respiration dans l’eau ? » Les femmes le font et ressentent.
Puis, je leur demande de revenir aux exercices introduits depuis le début des cours en piscine : relâcher dans l’axe, ouvrir le bassin, accompagner sur le souffle doux. « Que ressentent-elles ? »
Après expérience, toutes ont convenu pour dire qu’inspirer et bloquer refermait l’intérieur du bassin : tout leur corps verrouille le bébé. Ouvrir et relâcher dans l’axe et dans le bassin donnait de la place. Tels ont été leur ressenti. Leur réponse.

Christine : oui, je m’en rappelle très bien. En plus, c’est une sensation profonde très agréable.

L’accompagnante : Chacune a eu sa réponse par l’expérience du corps. C’est bien différent d’une formule toute faite.
Tu vois, quand les femmes sont préparées. Elles reçoivent une connaissance de surface, un mode d’emploi [à propos de l’accouchement]. « C’est comme ça qu’on fait ! » dit le spécialiste.

Christine : en effet, mais c’est aussi ce qu’on cherche. Des recettes toutes faites. Parce qu’on ne s’imagine pas qu’il y a autre chose. Tu vois, pouvoir faire ce qu’on sent n’est pas facile, non plus. Surtout quand on nous dit de faire le contraire le jour où on accouche.

L’accompagnante : Oui, je sais. Là, tout repose sur l’aptitude. Connaître quelque chose, ne veut pas dire savoir l’appliquer. Transformer une connaissance en aptitude, se fait par la pratique, l’expérience. Dans le monde de la musique, cela s’appelle la répétition. C’est dans la répétition qu’on développe la confiance en sa capacité de faire quelque chose. C’est l’objet de l’accompagnement : entrer dans l’expérience et fabriquer une compétence.

Christine : oui et je ne fais pas toujours confiance dans ce que je ressens.

L’accompagnante : Dans notre société moderne, on préfère penser et croire, plutôt que ressentir.
Dans l’accompagnement, on met en place une compétence : ressentir les choses. Le corps, la relation avec l’autre, ce qui est bon pour soi ou avec l’autre, ce qu’on sent juste pour soi. Cela demande du temps. Et au delà, cela demande de savoir apprécier ce qui arrive, tel que c’est. Parfois, certaines femmes en viennent à comprendre que leur corps n’est pas encore tout à fait prêt à faire les choses comme elles le VOUDRAIENT. Prendre seulement conscience de cela est un pas en avant pour entrer dans une autre réalité.

Christine : et on a un tel désir que ça marche...

L’accompagnante : Oui, on veut que CA MARCHE. Sauf qu’avec l’être humain ça ne marche pas comme ça.

Christine : Bon, là je comprends mieux. Dans l’accompagnement, on vit. Euh, oui c’est ça. On vit les choses. Et c’est pour ça, que finalement certaines femmes au moment d’accoucher, et là j’en fais partie, sentent qu’elles ne sont pas en mesure d’ouvrir en relâchant et finissent par pousser en bloquant.

L’accompagnante : c’est ça. C’est la réalité du moment de la personne qui compte, celle qui est éprouvée sur le moment. Apprendre à vivre les choses profondément- pouvoir s’adapter et faire ce qui est juste ou bon pour soi (et l’autre, si on veut) dans la situation présente. Même si ce n’est pas parfait. Etre le soi du moment. Cultiver l’authentique, disait Pagnol par le biais d’Ugolin.
C’est le but de l’accompagnement. In fine, cela développe notre intelligence humaine.
Ai-je répondu à ta question ?

Christine : oui."
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akiko

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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 18:58

2. Un début de grossesse difficile et participation du compagnon

"Anna : Comment s’est passé le début de grossesse ? Bien, sur le plan médical, mais de la fatigue. La fatigue, c’était pénible.
Enzo : Euh… Tu étais pénible.

Anna : Quoi ! Pénible. Tu exagères.

Enzo : Tu rigoles j’espère. Tu étais, non, tu ES insupportable.

L’accompagnante : Qu’est ce qui se passe en réalité ?

Anna (soupirs) : Et bien, c’est vrai. C’était vraiment difficile. Le changement physique, les seins, les tiraillements au ventre. La nausée, je n’en parle pas. C’était terrible, du matin au soir. Cela vient juste de s’arrêter. Là, à peine le 4ième mois entamé. Pour le reste, je suis d’une humeur exécrable. Un rien m’énerve. Tout m’énerve. Je ne supporte plus rien.

Enzo : Oui, ça c’est le pire. Mon cousin me l’avait dit. « Prépares-toi à la supporter ». Je pensais qu’il exagérait, mais là, c’est bien vrai, il faut les supporter. En ce moment, je crois qu’on touche la limite. Je passe mon temps à lui renvoyer qu’elle dépasse les bornes. On se dispute. Je ne supporte plus cette pression constante.

Anna : Oui, mais tu ne peux pas comprendre. (Anna se retourne vers l’accompagnante). Je suis…
Comment dire ? Hypersensible. Avant, rien ne me touchait. J’étais droite. Je ne bronchais pas. Maintenant, je regarde un truc insignifiant à la télé, et vlan, je pleure. Pour rien. Je ne me reconnais plus.

L’accompagnante : Et, est-ce que tu acceptes que ça se passe ?

Anna : Non, je n’en peux plus. Chaque jour, c’est différent. Je passe mon temps à me plaindre, ce n’est pas moi. Si j’avais su…

Enzo (en caressant la main d’Anna): Bon, c’est vrai, on l’a voulu ce bébé, mais on n’imaginait pas un début comme ça. J’en ai tellement marre aussi. Il y a trop de pression. La seule solution que j’ai trouvée. Je m’en vais. Je mets mes tennis et je vais faire 20 km en courant. Je me défoule, après je suis zen. Ca ne peut pas durer.

L’accompagnante : Et toi Enzo, est-ce que tu acceptes ce qui se passe ?

Enzo : Bien oui, puisque c’est moi qui prend.

L’accompagnante : Je dirai plutôt non. Sinon, tu resterais près d’elle.

Enzo : Oui, mais je ne sais plus quoi faire d’autre que de lui dire à quel point c’est trop. Je n’en peux plus.
Et je ne comprends toujours pas à quoi c’est dû.

L’accompagnante (souriante) : Et bien (Silence puis rires). J’ai une bonne nouvelle.
Ça s’appelle « GROSSESSE ».
L’accompagnante rit de bon coeur. Enzo finit par rire aussi. Anna rit au milieu des larmes.

Enzo : Ah ! Ca fait du bien d’en rire. Que se passe-t-il ?

Anna : Oui, ça fait du bien de rire. On prend ça tellement au sérieux. En parler comme ça, ça fait du bien aussi.

L’accompagnante : Anna, j’ai une question qui aura l’air de n’avoir aucun rapport avec tout ça. As-tu pris des hormones avant d’être enceinte ?

Anna : Oui.

L’accompagnante : Combien d’années ?

Anna : Depuis l’âge de 18 ans, donc 9 années.

L’accompagnante : Et bien, je te demande cela, car avec le temps, je constate que tu racontes le vécu de plein d’autres femmes. C’est, voyez-vous, un peu l’histoire des femmes modernes. Celles qui prennent des hormones plusieurs années durant. Par leur biais, elles maîtrisent les changements de leur vie féminine. Un bébé, quand elle veulent. Pas besoin de sexualité pour avoir des hormones. A 16 ans, lors de la féminité naissante, on atténue les changements physiques grâce aux hormones. Je ne remets pas en question le progrès que la pilule à amener dans la vie féminine, j’indique une partie conséquences.

Enzo : Les hormones ?

L’accompagnante : Oui, la pilule.

Enzo : Ah, d’accord.

L’accompagnante : Donc dans son corps, si une femme n’a pas d’hormone artificielle, chaque mois elle vit des changements physiques et d’humeur au rythme de son cycle hormonal. Tu savais ça toi, Enzo ?

Enzo : Non.

L’accompagnante : Beaucoup de femmes ne savent plus, non plus. En 1ière partie de cycle, elle a peut avoir les seins qui gonflent. Pendant l’ovulation, elle peut avoir des petits maux de ventre, voire de dos. Ensuite, il y a les règles. Tu connais la réputation des femmes quand elles ont leurs règles ?

Enzo : Oui, c’est vrai (rires).

L’accompagnante : Sauf qu’avec une pilule, les femmes ne vivent plus les variations des sensations du corps. Elles n’ont plus à s’occuper de leur humeur variable. Tout est stable. Leur humeur stable laisse apparaître leur caractère. Leur caractère, c’est elle. C’est du moins ce qu’on finit par croire aujourd’hui. Exit les maux de ventre, les seins qui se tendent. Et du coup, les femmes ne sont plus proches de leurs sensations corporelles. Elles n’ont plus eu besoin de les apprivoiser, ni leur humeur. Or, tout ça fait partie de la nature même des femmes, vivre le changement.

Enzo : Et que se passe-t-il pendant la grossesse ?

L’accompagnante : C’est l’explosion de la Vie. C’est une explosion 10 puissance 100 d’hormones naturelles. C’est l’adolescence multipliée par 1000. C’est l’eau d’un fleuve qu’on a retenu pendant des années et qu’on libère tout d’un coup.

Enzo : Donc, c’est une déferlante. On ouvre toutes vannes… d’hormones.

Anna : Quand j’ai arrêté la pilule, on m’a dit que je pouvais attendre plusieurs mois avant que ça prenne. Mais, en réalité, 15 jours après j’étais déjà enceinte. J’étais contente, mais je ne m’y attendais pas si tôt et donc pas tout à fait prête, non plus.

Enzo : oui, c’était un choc pour tous les deux. Je comprends mieux. Pardon, ma chérie. (Enzo l’embrasse).

Anna : Je comprends mieux, mais que puis-je faire ?

L’accompagnante : Anna. ACCEPTER. Accepte ce qui est. Accepte l’humeur insupportable du jour tel que c’est. Accepte le moment où ça se présente. Aujourd’hui, c’est comme ça. Pas plus. Pas moins. Pas de jugement, non plus. Inutile d’y accorder la moindre valeur, car demain ce sera encore différent. Plus il y a de jugement de valeur aux choses, plus on se place en réaction contre ça. Plus on y accorde de l’importance, plus forte encore sera notre résistance.

Anna : Evidemment. Pas si facile.

L’accompagnante : Je ne dis pas que c’est facile. Ni même que vous y parviendrez dès demain. C’est juste une direction vers où vous pouvez aller.
Accepter, c’est s’ouvrir. Enceinte, une femme découvre, dans tous les sens du terme, ce que signifie OUVRIR. Le corps (elle écarte ses mains devant le ventre) et bientôt ça va se voir (rires).Puis, son cœur. Un enfant, en plus du couple. Ainsi de suite. Et, bien d’autres choses encore…
Enzo !

Enzo : oui.

L’accompagnante : Accepte aussi ce qui se passe.

Enzo : Mais je la supporte déjà.

L’accompagnante : Supporter quelque chose n’est pas accepter. C’est y résister. Lorsqu’un être humain n’accepte pas, il se met dans le jugement de ce qui se passe. JUGER le sépare de son expérience. Il se coupe de lui-même, de l’autre. Il se referme. IL est SEUL. Cela te parle ce que je dis ?

Enzo : oui, totalement. On se sent déjà seul, en effet. D’ailleurs, on n’en a pas parlé autour de nous.

L’accompagnante : Ainsi, si tu veux aider Anna, accepte ce qui se passe sans jugement. Quand on commence à se prendre la tête, on fixe la chose (comme une réalité inébranlable). Je me répète. Laisse glisser. Pour Anna, tu es un miroir (et vice versa). Si l’image reflétée est une critique, c’est difficile pour l’autre de l’assumer. C’est ta participation. Cela vous paraît abordable ?

Anna sourit et essuie ses larmes en même temps. Enzo l’embrasse encore une fois. Ils hochent la tête ensemble.


2. Un début de grossesse difficile et participation du compagnon

Anna : Comment s’est passé le début de grossesse ? Bien, sur le plan médical, mais de la fatigue. La fatigue, c’était pénible.
Enzo : Euh… Tu étais pénible.

Anna : Quoi ! Pénible. Tu exagères.

Enzo : Tu rigoles j’espère. Tu étais, non, tu ES insupportable.

L’accompagnante : Qu’est ce qui se passe en réalité ?

Anna (soupirs) : Et bien, c’est vrai. C’était vraiment difficile. Le changement physique, les seins, les tiraillements au ventre. La nausée, je n’en parle pas. C’était terrible, du matin au soir. Cela vient juste de s’arrêter. Là, à peine le 4ième mois entamé. Pour le reste, je suis d’une humeur exécrable. Un rien m’énerve. Tout m’énerve. Je ne supporte plus rien.

Enzo : Oui, ça c’est le pire. Mon cousin me l’avait dit. « Prépares-toi à la supporter ». Je pensais qu’il exagérait, mais là, c’est bien vrai, il faut les supporter. En ce moment, je crois qu’on touche la limite. Je passe mon temps à lui renvoyer qu’elle dépasse les bornes. On se dispute. Je ne supporte plus cette pression constante.

Anna : Oui, mais tu ne peux pas comprendre. (Anna se retourne vers l’accompagnante). Je suis…
Comment dire ? Hypersensible. Avant, rien ne me touchait. J’étais droite. Je ne bronchais pas. Maintenant, je regarde un truc insignifiant à la télé, et vlan, je pleure. Pour rien. Je ne me reconnais plus.

L’accompagnante : Et, est-ce que tu acceptes que ça se passe ?

Anna : Non, je n’en peux plus. Chaque jour, c’est différent. Je passe mon temps à me plaindre, ce n’est pas moi. Si j’avais su…

Enzo (en caressant la main d’Anna): Bon, c’est vrai, on l’a voulu ce bébé, mais on n’imaginait pas un début comme ça. J’en ai tellement marre aussi. Il y a trop de pression. La seule solution que j’ai trouvée. Je m’en vais. Je mets mes tennis et je vais faire 20 km en courant. Je me défoule, après je suis zen. Ca ne peut pas durer.

L’accompagnante : Et toi Enzo, est-ce que tu acceptes ce qui se passe ?

Enzo : Bien oui, puisque c’est moi qui prend.

L’accompagnante : Je dirai plutôt non. Sinon, tu resterais près d’elle.

Enzo : Oui, mais je ne sais plus quoi faire d’autre que de lui dire à quel point c’est trop. Je n’en peux plus.
Et je ne comprends toujours pas à quoi c’est dû.

L’accompagnante (souriante) : Et bien (Silence puis rires). J’ai une bonne nouvelle.
Ça s’appelle « GROSSESSE ».
L’accompagnante rit de bon coeur. Enzo finit par rire aussi. Anna rit au milieu des larmes.

Enzo : Ah ! Ca fait du bien d’en rire. Que se passe-t-il ?

Anna : Oui, ça fait du bien de rire. On prend ça tellement au sérieux. En parler comme ça, ça fait du bien aussi.

L’accompagnante : Anna, j’ai une question qui aura l’air de n’avoir aucun rapport avec tout ça. As-tu pris des hormones avant d’être enceinte ?

Anna : Oui.

L’accompagnante : Combien d’années ?

Anna : Depuis l’âge de 18 ans, donc 9 années.

L’accompagnante : Et bien, je te demande cela, car avec le temps, je constate que tu racontes le vécu de plein d’autres femmes. C’est, voyez-vous, un peu l’histoire des femmes modernes. Celles qui prennent des hormones plusieurs années durant. Par leur biais, elles maîtrisent les changements de leur vie féminine. Un bébé, quand elle veulent. Pas besoin de sexualité pour avoir des hormones. A 16 ans, lors de la féminité naissante, on atténue les changements physiques grâce aux hormones. Je ne remets pas en question le progrès que la pilule à amener dans la vie féminine, j’indique une partie conséquences.

Enzo : Les hormones ?

L’accompagnante : Oui, la pilule.

Enzo : Ah, d’accord.

L’accompagnante : Donc dans son corps, si une femme n’a pas d’hormone artificielle, chaque mois elle vit des changements physiques et d’humeur au rythme de son cycle hormonal. Tu savais ça toi, Enzo ?

Enzo : Non.

L’accompagnante : Beaucoup de femmes ne savent plus, non plus. En 1ière partie de cycle, elle a peut avoir les seins qui gonflent. Pendant l’ovulation, elle peut avoir des petits maux de ventre, voire de dos. Ensuite, il y a les règles. Tu connais la réputation des femmes quand elles ont leurs règles ?

Enzo : Oui, c’est vrai (rires).

L’accompagnante : Sauf qu’avec une pilule, les femmes ne vivent plus les variations des sensations du corps. Elles n’ont plus à s’occuper de leur humeur variable. Tout est stable. Leur humeur stable laisse apparaître leur caractère. Leur caractère, c’est elle. C’est du moins ce qu’on finit par croire aujourd’hui. Exit les maux de ventre, les seins qui se tendent. Et du coup, les femmes ne sont plus proches de leurs sensations corporelles. Elles n’ont plus eu besoin de les apprivoiser, ni leur humeur. Or, tout ça fait partie de la nature même des femmes, vivre le changement.

Enzo : Et que se passe-t-il pendant la grossesse ?

L’accompagnante : C’est l’explosion de la Vie. C’est une explosion 10 puissance 100 d’hormones naturelles. C’est l’adolescence multipliée par 1000. C’est l’eau d’un fleuve qu’on a retenu pendant des années et qu’on libère tout d’un coup.

Enzo : Donc, c’est une déferlante. On ouvre toutes vannes… d’hormones.

Anna : Quand j’ai arrêté la pilule, on m’a dit que je pouvais attendre plusieurs mois avant que ça prenne. Mais, en réalité, 15 jours après j’étais déjà enceinte. J’étais contente, mais je ne m’y attendais pas si tôt et donc pas tout à fait prête, non plus.

Enzo : oui, c’était un choc pour tous les deux. Je comprends mieux. Pardon, ma chérie. (Enzo l’embrasse).

Anna : Je comprends mieux, mais que puis-je faire ?

L’accompagnante : Anna. ACCEPTER. Accepte ce qui est. Accepte l’humeur insupportable du jour tel que c’est. Accepte le moment où ça se présente. Aujourd’hui, c’est comme ça. Pas plus. Pas moins. Pas de jugement, non plus. Inutile d’y accorder la moindre valeur, car demain ce sera encore différent. Plus il y a de jugement de valeur aux choses, plus on se place en réaction contre ça. Plus on y accorde de l’importance, plus forte encore sera notre résistance.

Anna : Evidemment. Pas si facile.

L’accompagnante : Je ne dis pas que c’est facile. Ni même que vous y parviendrez dès demain. C’est juste une direction vers où vous pouvez aller.
Accepter, c’est s’ouvrir. Enceinte, une femme découvre, dans tous les sens du terme, ce que signifie OUVRIR. Le corps (elle écarte ses mains devant le ventre) et bientôt ça va se voir (rires).Puis, son cœur. Un enfant, en plus du couple. Ainsi de suite. Et, bien d’autres choses encore…
Enzo !

Enzo : oui.

L’accompagnante : Accepte aussi ce qui se passe.

Enzo : Mais je la supporte déjà.

L’accompagnante : Supporter quelque chose n’est pas accepter. C’est y résister. Lorsqu’un être humain n’accepte pas, il se met dans le jugement de ce qui se passe. JUGER le sépare de son expérience. Il se coupe de lui-même, de l’autre. Il se referme. IL est SEUL. Cela te parle ce que je dis ?

Enzo : oui, totalement. On se sent déjà seul, en effet. D’ailleurs, on n’en a pas parlé autour de nous.

L’accompagnante : Ainsi, si tu veux aider Anna, accepte ce qui se passe sans jugement. Quand on commence à se prendre la tête, on fixe la chose (comme une réalité inébranlable). Je me répète. Laisse glisser. Pour Anna, tu es un miroir (et vice versa). Si l’image reflétée est une critique, c’est difficile pour l’autre de l’assumer. C’est ta participation. Cela vous paraît abordable ?

Anna sourit et essuie ses larmes en même temps. Enzo l’embrasse encore une fois. Ils hochent la tête ensemble."
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akiko

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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 18:59

3. Comment être actrice de son accouchement?

"Sophie : je suis allée en maternité pour un monitoring de fin de grossesse. Ma surprise a été grande. Une fois plantée sur le lit, je me suis rendue compte que je me sentais paralysée par l’environnement médical. Je n’arrivais à voir comment j’allais faire le jour J, si je suis toute aussi impressionnée ? Je me suis demandée et je me le demande encore comment je peux être actrice ? Comment je peux appliquer les outils que tu nous donnes en cours. J’ai encore du mal à faire le lien entre ces deux univers si opposés ?

L’accompagnante : ah ! Ca m’a l’air sérieux cette affaire-là.

Sophie : tu peux le dire, car j’ai été reçue par les sages-femmes du bloc d’accouchement. Elles étaient super occupées. Il y avait une effervescence indescriptible. Une vraie ruche. Et je voyais bien qu’elles ne restaient pas trop avec les femmes. Cette plongée dans le réel m’a un peu bousculé.

L’accompagnante : bon, bon, je vois. Quelles notions as-tu retenu des cours précédents ?

Sophie : et bien, bien ressentir son bassin, veiller à conserver souplesse et mobilité. Percevoir son axe dos bassin, ressentir qu’on trouve l’alignement en faisant descendre les grains et ouvrir la base. Bien restée présente avec le bébé.

L’accompagnante : es-tu au point avec tes autres repères ?

Sophie : identifier comment ça peut démarrer – repérer les contractions- l’ocytocine qui en jeu – les signes permettant de savoir que le bébé arrive sur le périnée- quand partir en maternité- l’équipe médicale, oui je suis au point, je crois.

L’accompagnante : d’accord, apparemment tu as bien intégré vers quel endroit tu te dirigeais. Quel souvenir te reste-t-il à propos de la manière de vivre l’accouchement à l’intérieur du couple ?

Sophie : ah, oui. On en avait longuement parlé avec mon mari. Faire vivre ce qui est nous lui parlait beaucoup. S’appuyer mutuellement sur l’un et l’autre dans notre relation affective. C’est vrai, j’avais oublié.

L’accompagnante : était-il avec toi ce jour-là ?

Sophie : non justement, j’étais seule, c’était un examen de routine.

L’accompagnante : qu’est ce qui t’a paralysé ? Je crois que tu as été paralysée, n’est-ce pas ?

Sophie : oui, je suis complètement étrangère au milieu médical. Jamais opérée, jamais malade, ni hospitalisée. Le seul professionnel de santé que je rencontre est mon généraliste et maintenant toi. Mais ni lui, ni toi ne m’inspirent un seul instant cet environnement froid, technique où les gens vont et viennent sans que tu ais l’impression qu’il t’ai vraiment vu. J’ai eu l’impression de faire partie du décor. Et les sages-femmes, peuchère, elles avaient beaucoup de travail et couraient partout. Il n’y a rien à dire, mais là, je me rends compte de ce que ça pourrait être, pour moi, l’environnement du jour J et là, je ne m’y retrouve pas.

L’accompagnante : qu’est-ce qui t’a vraiment paralysé ?

Sophie (étonnée) : ne te l’ai-je pas déjà dit ? Ah ! Tu attends une autre réponse, donc ? (L’accompagnante hausse les épaules, donnant l’air d’un pourquoi pas encourageant.) Euh, je me sentais invisible au milieu de cette frénésie. En plus, les sages-femmes, qui avaient un surplus de travail, à cause de la grève dans une autre maternité, pestaient d’être dans cette situation. Sans se montrées agressives, je ne les sentais pas ouvertes, enfin pas dans l’attention. Je me suis faite toute petite.

L’accompagnante : qu’est-ce qui t’a paralysé ?

Sophie (exaspérée) : ENCORE ! (Soupir) Au milieu de tout ça, je ne savais pas quoi, ni comment faire. Je me sentais perdue. Je me disais si j’étais en train d’accoucher qu’est ce que je ferai de plus avec des contractions qui font mal. Je ne voyais pas quoi faire. Je me répète, non ? (L’accompagnante hoche plusieurs fois la tête en guise de réponse, mais encourage Sophie à continuer.) (Silence)

L’accompagnante : qu’est-ce qui justifiait le fait d’être paralysée, ce jour-là, pour un simple monitoring de routine ?

Sophie : euh…l’univers médical ?

L’accompagnante : froid et sans pitié, tu l’as dit aussi.

Sophie : t’exagères (d’une voix qui s’affaiblit) … (soupir)

L’accompagnante : oui, je sais. Je fais exprès. Quand on opte pour prendre refuge derrière des raisons apparentes, extérieures à nous, on finit par oublier de se regarder soi-même. Qu’est-ce qui justifiait le fait d’être paralysée ? (D’un ton toujours neutre)

Sophie : la peur de l’inconnu…

L’accompagnante : la peur de l’inconnu ? Quel inconnu ? L’environnement médical que tu étais en train de découvrir ?

Sophie : oui, je pense.

L’accompagnante : mais encore ?

Sophie (irritée): AH, quoi ENCORE ? La peur de ne pas être capable d’y arriver… je crois.

L’accompagnante : arriver à quoi ? Tu sais à peu près vers quelle direction tu souhaites aller. Comment tu vas le vivre profondément, quelle forme cela revêtira, ni quand cela se produira, on n’en sait rien, soit, tout cela fait partie du mystère, du merveilleux. Heureusement, il reste en encore. Mais ce qui est sure, ce jour-là, tu accoucheras. Dès aujourd’hui, nous en sommes sures.

Sophie : oui. Je vois bien, mais en serai-je vraiment capable toute seule ?

L’accompagnante : pourquoi en doutes-tu ? As-tu besoin d’encouragements ?

Sophie : (silence) je me suis toujours sentie bonne élève… dans la vie. Là-bas, j’étais dans le monde à l’état brut. Là-bas, se jouaient des choses importantes de la vie, et il ne s’agira pas d’appliquer des formules. Je me rends compte que je ne pourrai pas appliquer de formules. Tu disais souvent : « je vous donne des outils, des clés et c’est à vous de les utiliser dans votre vie. Appropriez-les-vous ». Moi, j’applique. Je me suis toujours appliquée, pas impliquées. Tu comprends (larmes) ? Si personne ne me dit ce qu’il faut faire, qu’est ce que je vais faire ? J’ai eu peur de ça. Ah ! C’est horrible d’être aussi faible ! (Elle pleure et renifle.) Je peux prendre un mouchoir sur ta table. (Elle se lève et prend un mouchoir) PFFF…

L’accompagnante : CREER

Sophie : qu’est-ce que tu dis ?

L’accompagnante : créer. Remplir ta vie de ta vie. Crée de la vie dans ta vie.

Sophie : comment ?

L’accompagnante : au commencement, on peut imaginer comme un architecte. Laisses-toi inspirer. C’est ce que j’essaie d'exprimer pour chaque femme ouverte à cela. Alors, peux tu t’imaginer remplir l’espace de cet évènement ? Remplis-le de tes émotions, celles qui viennent de toi, de tes regards, ceux qui te rend radieuse, de tes mots, ce que tu préfères, de tes accents et tes mouvements, qui feront qu’on se dira c’est vraiment toi. Et, tout ça sera la somme de toi de cet instant et tout ceux qui suivront.

Sophie : Même si c’est de la tristesse ?

L’accompagnante : et bien oui, si c’est ce qui en sort, là maintenant.

Sophie : C’est ce qui sort, je crois. Tu sais, ce jour-là, je me suis sentie étrangement seule au milieu de tous. Seule dans ce que je vivais. J’ai honte de le dire, alors que je n’ai à me plaindre de rien.

L’accompagnante : ai honte et dis le.

Sophie : Oh, avec toi, c’est facile.

L’accompagnante : ce qui est dit est dit et n’est plus à redire.

Sophie : cela parait tellement évident, tu simplifies les choses.

L’accompagnante : on simplifie les choses, si on le décide. On n’a pas toujours la place d’exprimer sa peur, sa honte, son état d’enfant qu’on laisse derrière soi. Si accoucher va faire de toi une adulte à part entière, bienvenue dans le monde des êtres humains responsables, mais ne quitte pas la part d’enfant qui est en toi et qui sait se laisser aller et être emporter avec l’autre.

Sophie : oh, c’est étrange ce que tu me dis là. Je ne me suis pas rendue compte que je pleure mon état d’enfance. Me laisser mener par les autres, c’est un peu la vie d’enfant. Le monde nouveau, c’est celui de parent. Etrange, vraiment étrange. Oh, j’ai encore envie de pleurer. C’est fou, je n’arrive pas à me retenir, ça arrive par vagues.

L’accompagnante : grandir, ça s’appelle grandir…"
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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 19:00

4 . Qu'est ce qu'une contraction?

"Mélanie : J’aimerai te poser une question toute bête.

L’accompagnante (sourires) : Une question bête ? Oui, je réponds volontiers à ce genre de questions.

Mélanie (embarrassée): comment t’exposer la situation ? C’est peut-être un peu confus. Chaque fois que je croise des connaissances ou un membre de la famille, les uns comme les autres me demandent : « alors, as-tu des contractions ? ». Je suis très perplexe devant une telle question. Je m’interroge. En réalité, je ne sais que répondre. Je me sens stupide. Dis-moi, si cela se manifestait, est-ce que je peux vraiment le savoir ?

L’accompagnante : oui, en principe. Qu’est ce qui te préoccupes exactement ?

Mélanie : je crois que j’ai peur de ne pas savoir et par conséquent, de passer à coté de quelque chose d’important concernant cette grossesse. Un autre point me dérange profondément. J’ai l’impression qu’on me parle comme si je savais déjà comment les choses aller se passer. Alors qu’en fait, c’est ma première fois et que je découvre tout, les médecins, les prises de sang, les échographies. Tout ça, c’est du chinois pour moi.

L’accompagnement : Je vois. Par où vais-je commencer ? Parlons d’abord des contractions. Les contractions sont perceptibles. Mais, on peut ne pas les apprécier comme elles sont et elles peuvent passer inaperçues.

Mélanie : pourquoi cette récurrence de questionnements autour de la contraction ? Je n’en reviens pas, il y a comme une obsession.

L’accompagnante : Ah, on touche un point sensible. Pour une majorité de gens, la contraction est associée à l’accouchement. Par analogie, elle est chargée de peur et de fascination. Notre société excessive aime jouer avec ce qui fait peur. Dans les conversations, il est bon ton de s’informer des contractions, même si on se fout éperdument de ce que tu vis. Quelque soit la situation, on est capable de construire un évènement, non que dis-je, un drame autour des contractions. En avoir est une catastrophe, ne pas en avoir n’est pas normal. Pour ce qui est de ce que tu es sensée savoir, avec Internet, tous les magazines télé, audio, tu ne peux passer à coté de l’information. On considère donc, qu’en tant que femme, tu possèdes déjà un savoir de mère. Comment tu n’as pas encore tout lu ?

Mélanie : pas besoin, je crois, chaque femme rencontrée étale sa science et son histoire dont les fameuses contractions contre lesquelles elles ont menées dur combat. J’ai du mal à conserver une distance. C’est plus fort que moi. Telle que tu me vois, je ne dis rien. Mes questionnements personnels ? Personne ne s’y intéresse. En fait, ils arrivent à retardement. Mais, voilà la question reste posée néanmoins. J’entre dans le 6ième mois. Il me semble qu’il est temps d’y répondre.

L’accompagnante (rires): Et ce qu’on dit n’a rien voir avec ce qu’on vit !

Mélanie : Oh, c’est pure folie. J’avais tellement envie de me laisser vivre la grossesse comme elle vient et surtout, ne pas me poser de questions pour en profiter pleinement. Mais je me laisse polluer par tant d’histoires que je m’angoisse encore plus. Je n’arrive pas à faire la part des choses.

L’accompagnante : que dit ton gynécologue à ce propos ?

Mélanie : peu de choses. Il ne se répand pas en questions, mais donne des informations numériques. C’est ça numérique ! A chaque consultation, j’ai l’impression qu’il passe en revue mes mensurations et celles du bébé et qu’il pourrait se passer de mes réponses pour se faire une idée de ma situation. Quant à moi, j’accumule des listes de questions (Elle fouille dans son sac pour en sortir des bouts de papiers chiffonnés avec un air incrédule) au fond de mon sac à main. Regarde.

L’accompagnante (rires) : ah, ah. Excuse moi, cela fait très pub ! (Mélanie, la main en l’air, bourrée de listes, finit par les regarder en s’éclatant de rire).

Mélanie : bon, j’ai l’air maligne. Je continue le tableau du gynéco, puisque je vide mon sac. Je te raconte. Dans la salle d’examen, je dois faire preuve d’une vigilance extrême pour suivre. J’explique. Sans transition, il passe d’une valeur à une autre. Du genre : « 33 mm, bon, tout va bien ».J’essaie de comprendre. « 33 mm de quoi ? » Ma vitesse de réaction est lente. On arrive au « Et le poids, on en est où ? ». Bref, saisis-tu ce que je veux dire ?

L’accompagnante : oui, en effet, courir après l’information, quel drôle de sport. C’est une des raisons qui poussent les femmes à aller chercher l’information ailleurs. Or, l’univers médical est fait de statistiques et de mesures de risque. Il peut générer la peur autant qu’un sentiment de sécurité. Ce sont des informations qui ne nourrissent pas ta vie et ni ta santé, car elles sont tellement éloignées du contexte de la vie réelle de la personne.

Mélanie : comment cela ? Je ne comprends pas bien.

L’accompagnante : et bien si tu veux, une fois en possession de ces informations chiffrées, qu’apprends-tu à propos de toi-même ? Tu peux comprendre certaines procédures techniques certes. Mais pour ce qui est de ta vie, que dire ? Peu de repères afin de comprendre ta propre santé. Le problème est que la plupart des gens ne savent pas comment les traiter en les ramenant à leur personne.

Mélanie : je n’ai pas l’impression qu’on m’en donne les moyens. Plus j’accumule l’information médicale, plus je vis dans ma peur. A force de vouloir comprendre, je crois que je vis couper de mon propre monde, celui du ressenti du corps, celui des vrais sentiments. Cela soulève le voile de mon ignorance. J’enrage de ne pouvoir poser des mots simples sur ce que je vis dans mon corps, de ne pouvoir identifier si ce qui se passe en moi est bon ou pas et surtout de ne pas vivre une rencontre qui permette un véritable échange.

L’accompagnante : « Connais toi toi-même » disait Socrate. Quels moyens te donnes-tu pour connaître la santé ? Tu sais, être en santé, on ne sait plus vraiment ce que cela signifie.

Mélanie : je crois qu’on connaît mieux être malade.

L’accompagnante : Bon, puisque nous sommes ensemble, réfléchir à 2 têtes vaut mieux qu’une. Essayons d’éclaircir tes connaissances. Si je te dis contractions, à quoi ça te fait penser ? Donnes moi ta réponse en un mot. Celui qui vient le plus spontanément.

Mélanie : Douleur.

L’accompagnante : A quelle partie du corps associes-tu la contraction ? En un mot, toujours.

Mélanie (elle porte ses mains vers son ventre) : au ventre.

L’accompagnante (elle hoche la tête) : hum, hum. A quel moment de la grossesse, l’associes-tu en premier ?

Mélanie : accouchement.

L’accompagnante : et bien, voilà TA référence à propos des contractions : des douleurs de ventre associées à l’accouchement. A ton insu, ceci est dans ta culture du corps de la femme.

Mélanie : euh oui, en effet. Dans le fond, cette définition est partagée par un bon nombre de femmes. Ne crois tu pas ? Et puis, nous sommes encore imprégnées par « Tu enfanteras dans la douleur », c’est un peu ça, n’est-ce pas ? Qu’on le veuille ou non, cela nous influence.

L’accompagnante : et oui, totalement vrai. Par conséquent, si tu avais vraiment des contractions utérines en cours de grossesse, tu ne les identifierais pas. Car, dans ta réalité, les contractions n’existent que dans le contexte de l’accouchement ou de la douleur. (Mélanie réagit). Attends, laisses-moi continuez. Revenons à toi. Peux tu me dire, si ton ventre devient dur parfois ou bien que tu aies l’impression qu’il se resserre ?

Mélanie : oui, cela arrive de temps en temps, mais cela dure quelques secondes et est totalement indolore. Je m’en rends plus compte quand elles sont plus longues, cela me coupe le souffle et j’ai besoin de m’allonger. Mais ça passe aussitôt après.

L’accompagnante : et bien, ce sont des contractions. Continuons, as-tu remarqué que dans ces moments-là, le ventre se met à pointer en avant ou bien qu’il devient un peu plus lourd ?

Mélanie : oui, tout à fait, je perçois surtout que le bas ventre est dur et lourd. Là, tu vois (elle met ses mains sous le nombril). J’imagine cela comme le poids du bébé. Et maintenant que nous en parlons, je remarque que lorsque j’arrête tout mouvement, le soir par exemple, cela arrive plus fréquemment. Et quand je me repose, cela passe. Alors, je ne suis pas inquiète.


L’accompagnante : si au repos, cela cède c’est un signe de bonne santé. Lorsque le muscle se contracte, il devient dur, se raccourcit. C’est un vrai effort musculaire, il a donc besoin de se relâcher. C’est donc normal. Il peut contracter partiellement, en bas, ou d’un coté, ou dans le dos etc.…Par ailleurs, si elle est courte, c’est donc totalement indolore.

Mélanie : donc ce n’est pas parce que je n’ai pas mal, que ce n’est pas une contraction.

L’accompagnante : c’est bien ça. Le corps humain est fait de muscles, te rends-tu compte si on devait avoir mal à chaque fois qu’on bouge ?

Mélanie : oui en effet, on serait une somme infinie de douleur. A partir de quel signe faut-il s’inquiéter ?

L’accompagnante : a ton avis ?

Mélanie : si cela persiste, ne se calme pas et cela devient douloureux. (L’accompagnante hoche la tête). Attends voir…je ne vois rien d’autre.

L’accompagnante : oui, mais tu es sportive et tu résistes bien à la douleur. Dans ce cas, quel autre signe ferait son apparition ?

Mélanie : non, vraiment je ne vois pas.

L’accompagnante : et bien, on a dit que la contraction est un effort physique, surtout si cela dure. Tu vis une journée normale de travail avec des contractions en supplément. Dans quel état te trouves-tu le soir en rentrant ?

Mélanie : essorée, exténuée, en ruine. Quelle expérience !

L’accompagnante : exacte. Tu ne peux que te mettre au lit pour récupérer. (Mélanie hoche la tête). La fatigue, tous les soirs en rentrant du boulot, est un signe. La fatigue, le matin au réveil après une soit disant nuit réparatrice qui ne répare plus, est un signe que cela dégénère. On franchit une limite, l’équilibre est rompu. L’utérus est tellement tendu qu’il ne sait plus se relâcher.

Mélanie : wouah ! Peut-on considérer, quand même, que c’est normal d’avoir des contractions utérines ?

L’accompagnante : jusqu’à une dizaine par jour, c’est normal. Pour la durée, pas plus qu’une à deux minutes. Pour repère, une femme enceinte en bonne santé a une condition souple de son utérus. La progestérone, une hormone féminine est chargée de cette fonction. C’est la condition nécessaire pour créer de la place.

Mélanie : Pourquoi alors les contractions apparaissent en cours de grossesse ?

L’accompagnante : la contraction utérine est un mécanisme réflexe de défense.

Mélanie : contre quoi ?

L‘accompagnante : si je raisonne en terme de climat dans le corps de la femme, je dirai qu’il y a trop de pression dans l’utérus (c’est plus rare) ou tout autour de lui (c’est le plus fréquent).

Mélanie : dans l’utérus, qu’est ce que ça pourrait être ?

L’accompagnante : réfléchis.

Mélanie : un gros bébé ? Des jumeaux. Trop de liquide amniotique. Dans ces cas, l’utérus s’étire trop vite par rapport à l‘âge de la grossesse et je sais que cela provoque.

L’accompagnante : en effet. Pour ce qui est des pressions hors utérus, qu’en est-il ?

Mélanie : une femme tendue ? Trop forcer pour faire des mouvements ? Faire trop d’effort physique, c’est ça. J’ai du arrêter le sport, car ça ne me semblait pas compatible avec ma grossesse. Je ne vois pas plus.

L’accompagnante : Avoir un rythme physique trop soutenu (trop de sport, trop de voiture…) est une véritable agression pour le corps de la femme enceinte. Avoir beaucoup de conditions stressantes dans l’environnement de la femme (conditions de travail ou conflit de famille, bruit), être stressée, avoir une forte activité mentale… Ne pas tenir compte du rythme du corps enceint (qui tend vers le ralentissement), c’est imposer une lutte à l’intérieur du corps.

Mélanie : oui, on vit dans l’excès de tout. Pour rester à mon niveau normal d’activité, je sens que je force et surtout je me convaincs bien qu’il faut garder la même allure qu’avant pour me sentir bien dans ma tête.

L’accompagnante : oui, bien dans ta tête, mais pas bien dans ton corps. Notre manière très urbaine de vivre, couper du corps et des rythmes naturels de vie est très stressante, génère des pressions physiques qui se répercutent sur l’utérus. Comment t’imagines tu que l’utérus qui fabrique de la place pour un bébé qui prend forme, réagit pour maintenir l’équilibre de la pression ?

Mélanie : je ne sais pas.

L’accompagnante : et bien, il desserre la soupape.

Mélanie : la soupape, la soupape ? Comme la cocotte minute ?

L’accompagnante : oui, c’est le col de l’utérus. Oh, ne fais ces gros yeux.

Mélanie : je suis tellement surprise.

L’accompagnante : Comme le seront la plupart des femmes qui n’écouteront pas leur fatigue, et qui seront atterrées lorsque le gynéco dira que le col est raccourci et qu’il faut tout arrêter travail, déplacement, faire l’amour, et surtout rester au lit, couchée, et ne pas bouger. Les contractions ne sont que des signaux d’alerte. L’utérus est comme une balise qui éclaire au milieu de la mère, avec un E, pour la guider.

Mélanie : Oh, quelle belle image. Mais ce que tu dis là est bien l’expérience beaucoup de mes amies avec culpabilité à la clé et la petite déprime en arrière fond.

L’accompagnante : Evidemment, la seule arme du médecin, c’est la peur. C’est dommage, mais rapide et efficace pour faire comprendre. Couché, pas bougé. Et les femmes obéissent !

Mélanie : Pourquoi en arrivez là ?

L’accompagnante : pourquoi en arrivez là ? Je te le demande aussi. Que cherche-t-on quand on n’écoute pas les signaux qui s’allument ? Enceinte, ralentir son rythme et se reposer ne sont pas l’expression de faiblesse. C’est l’intelligence du corps dans sa plus simple expression. Tu le dis toi-même. « Quand je me repose, ça passe. » Quoi de mieux comme information, pour te faire savoir que ce que tu fais est juste. J’ai coutume de dire, quand on sent on sait.

Mélanie : en effet, maintenant, je me sens rassurée car je sais me reposer quand il faut. Je sais d’autant plus que j’ai besoin de ralentir. Une de mes amies me dit qu’elle a toujours eu un utérus très tonique. Est-ce des contractions aussi ?

L’accompagnante : oui, c’est comme un tapis de petites contractions. Dans la plupart des cas, forcer sur son rythme ou dépasser ses limites entraînera des contractions quoi qu’il en soit.

Mélanie : oui, c’était une femme de caractère, toujours très active. D’ailleurs, elle était persuadée qu’elle tiendrai le coup pour travailler jusqu’au bout. En réalité, elle avait tellement de contractions que son col s’est modifié. Son gynécologue a été obligé de l’arrêter contre son gré avec repos allongé obligatoire. A posteriori, elle s’est rendue compte qu’elle était complètement épuisée. Quelles conséquences peuvent avoir ces contractions ?

L’accompagnement : un ralentissement de la croissance du bébé. Plus l’utérus est souple, plus la surface d’échanges avec le placenta est grande, plus le bébé est nourri. Au moment venu, un accouchement ultra rapide, en bouchon de champagne ou à l’inverse, un défaut d’ouverture du col.

Mélanie : et bien, c’est ce qui lui est arrivée. Elle a eu des heures de contractions. Son bébé appuyait très bien pour descendre, mais n’entraînait aucune dilatation du col. L’équipe a renforcé les contractions avec un produit à base d’ocytocine. Mais elle a fini par avoir une césarienne quand même. Elle l’a d’ailleurs très mal vécu, car elle avait une telle volonté d’arriver à accoucher normalement.

L’accompagnante : Forcer est une manière très moderne de vivre, avec cette manière de mener le corps ou la volonté au bout de ses limites. La conséquence est que l’on prend l’habitude de résister, plutôt qu’à vivre la Vie. On impose la puissance, le corps exprime la sienne et en même temps, il rappelle la vulnérabilité de notre vie. La santé naît de l’alternance des mouvements. Un véritable rythme sinusoïdale (elle mime les vagues avec sa main) : on le voit dans les mouvements du souffle avec l’inspire et l’expire, du jour et de la nuit, de l’activité et du repos. Tous les mouvements s’alternent. Ce que j’adore pendant la grossesse, c’est que cette période nous rappelle inévitablement le corps de la femme vivant au rythme de ses cycles.

Mélanie : bon, si je comprends bien tout est une question d’écoute et de prendre soin du corps : bien adapter son rythme physique au fil de la grossesse, s’octroyer des temps pour récupérer après de périodes d’activités, ralentir ses mouvements … bon, je me sens bien avec ça. Et, pour les contractions de travail ?

L’accompagnante : Ah ça, c’est une autre histoire !"
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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 19:03

5. Accueillir l’enfant s’il y a une césarienne

"Anne : Je viens d’apprendre qu’une césarienne va être nécessaire pour la naissance de mon enfant. C’est très dur pour moi. Je me sens très démunie car je n’envisageais pas les choses de cette façon.
L’accompagnante :
Pourquoi ?

Anne :Parce que j’ai l’impression que je ne vais pas vraiment accoucher. Je serai passive. Je n’aurai plus aucun rôle et, en prime, je ne le partagerai pas avec Olivier.

L’accompagnante :Et accoucher, qu’est ce que ça veut dire pour toi ? Que mets-tu derrière accoucher ?

Anne :Et bien, dans mon idée, je pousse. Je fais sortir mon enfant. Je l’accueille et je le prends sur moi. Bref, un accouchement normal.

L’accompagnante :Puisqu’à priori, cela ne se passera pas sous la forme que tu imagines. Qu’est ce qui sera important à vivre malgré tout ?

Anne :(Silence)

L’accompagnante :Au-delà de la forme que cela prendra pour que l’enfant sorte, qu’as-tu envie de vivre profondément ?

Anne : Je ne sais pas vraiment. Je serai déçue.

L’accompagnante Very Happyéçue. Cela veut donc dire que ce jour-là, jour de naissance de ton bébé, tu auras envie de vivre de la déception ? Que celle-ci sera tellement plus forte que tout et qu’il n’y aura la place pour aucun autre sentiment ? Bon, j’en rajoute, mais tu comprends où je veux en venir ?

Anne :Et bien, oui. Mais non, je n’ai pas envie d’être que déçue.

L’accompagnante :Oui, mais vois-tu, tu es déjà en train de te conditionner pour une chose à vivre.
Et, sans t’en rendre compte, tu auto alimentes ce sentiment. Acceptons la déception. Maintenant, qu’y a-t-il d’autre à vivre et qui a de la valeur pour toi ?

Anne :J’ai envie de me sentir proche du bébé pour l’accompagner. Oui, c’est ça. J’ai envie de me sentir proche de mon bébé.

L’accompagnante :Comment fais tu déjà pour être proche de lui ? Là, maintenant, chaque jour qui passe ?

Anne :Et bien, j’essaie de le percevoir et de ressentir s’il est là. J’écoute ce qui se passe dedans. Je caresse mon ventre. Je lui parle. Je suis avec lui.

L’accompagnante :Crois-tu que tout ça peut changer à cause de la situation ?

Anne :(silence) Non, pas vraiment.

L’accompagnante :Te sens-tu active quand tu es avec lui comme ça ?

Anne :Oui, d’une certaine façon. C’est plus intérieur.

L’accompagnante :Oui, c’est la vie aussi. Alors, pas nécessaire que ça cesse le jour J. Pourquoi ne pas continuer cela avec lui ?

Anne : Ah oui, mais je ne vais rien sentir avec l’anesthésie.

L’accompagnante :En effet, mais rien ne t’empêche d’être avec lui avec ton cœur. Accompagner l’enfant pendant sa naissance, c’est aussi une présence affective. Ce sera plus profond. Une complicité secrète entre vous. Quand j’ai passé mon bac, ma mère me disait : « je suis avec toi ? » Tu vois ce que je veux dire.

Anne :Hum, hum.

L’accompagnante Very Happyépasse la frustration de la dimension technique (c'est-à-dire accepte-la et va au delà). Pour moi, la technique, c’est le boulot de l’équipe médicale. Pendant ce temps-là, ton boulot –si je peux dire cela comme ça- est de vivre le lien affectif avec le bébé. Apprécie ces derniers moments avec l’enfant. Tu sais, cette intimité partagée avec l’enfant ne se produira plus de cette manière-là.

Anne :C’est vrai que je n’avais pas vu la situation sous cet angle.

L’accompagnante :Oui. Si ce sentiment bien présent en toi et si tu as envie de plus. Demande à l’obstétricien de te prévenir quand le bébé va sortir. Puis, à l’anesthésiste, s’il peut ôter le champ, tu sais les linges opératoires stériles, pour voir le bébé sortir et le prendre dans tes bras.

Anne : Oui, c’est donc possible ?

L’accompagnante :Pourquoi pas ? Et au moment où le bébé est prêt à sortir, aide-le. Fais le venir à la surface, comme si tu l’aidais à venir au monde.

Anne :Tu veux dire, pousser ?

L’accompagnante :Certaines femmes m’ont dit que c’est plutôt une intention de pousser. D’autres ont vraiment poussé. En réalité, c’est plus comme tu le ressens.

Anne :Ca signifie que ça se prépare.

L’accompagnante :Et, bien si cela ne vient pas de toi, les équipes médicales n’y pensent pas toujours. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas. Mais c’est une sorte d’habitude à garder une distance vis-à-vis de la réalité de la personne.

Anne : Une forme d’auto protection aussi.

L’accompagnante :Oui.
Attention, cet accueil se veut être l’expression de ce que tu vis affectivement avec l’enfant. Si cette réalité affective n’est pas ta réalité, ça ne marche pas comme ça.

Anne : Je ne comprends pas bien.

L’accompagnante :Si quelqu’un veut faire cet accueil par idéologie, « parce que c’est bien de », la demande est sans «consistance», idéalisée. Comment dire … vide. Sans véritable existence profonde.
Tout se passe au niveau des idées, de l’intellect. C’est pour cela que quand les femmes demandent des choses à leur gynéco à distance de l’évènement, on essuie plus facilement des incompréhensions. On fait appel à la tête de l’autre pour se mettre en situation. On peut s’installer dans une confrontation inutile de point de vue. On va chercher à convaincre. On peut se retrouver à forcer l’autre à entrer dans quelque chose qu’il ne s’imagine pas ou auquel il s’oppose, ou je ne sais quoi d’autre. En tout cas, on entre dans un jeu relationnel de pouvoir. Pour ma part, je trouve cela inutile.

Anne :Comment fait-on alors ?

L’accompagnante :Etre dans le moment. En parler avant que tout le monde soit pris dans le travail. Juste avant que le gynéco commence. Un petit aparté entre vous avec simplicité. Il percevra ce que tu vis et que tu as envie de vivre. Cela se joue dans la relation du moment avec lui. Avec ton ouverture. Et dans tous les cas, le minimum syndical, c’est que tu sois avec ton bébé. Ca te parait clair.

Anne :Oui, cela me donne une autre respiration. Ça me soulage même."
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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 19:04

6. Porter le bébé: peut il s'habituer aux bras?

"L’accompagnante : Comment va Léa ?
Amélie : Bien. Elle est gentille, curieuse. On voit qu’elle commence à s’intéresser à d’autres choses.

L’accompagnante : Quel genre de personne trouvez-vous qu’elle est ? Même si c’est un peu tôt pour l’enfermer dans une image…

Paul : Et bien, elle est assez affirmée. Plutôt volontaire.
Paul porte Léa dans ses bras. Il la berce pendant qu’il parle. Elle le regarde avec attention.

Amélie : Je te coupe. Très très affirmée. Elle est un peu plus revendicative actuellement.

L’accompagnante : Ah bon comment ça ? Tu permets que je la prenne Paul ? Je te la rends en partant.
(Sourire des parents. Paul confie Léa. L’accompagnante l’installe sur ses genoux, assise comme dans un fauteuil, face à ses parents. Elle la soutient au niveau du bassin).Je vous écoute.

Amélie : depuis 15 jours, je trouve qu’elle râle. On s’aperçoit que Léa ne peut pas rester 5 minutes sans râler à moins qu’on la porte. Elle a toujours été un bébé tranquille. Cela nous surprend.

Paul : tu vois, à la maison, maintenant, quand elle est sur le transat, elle tient 5 à 10 minutes après elle s’énerve. On dirait qu’elle s’ennuie. Donc, elle râle et si je la prends, elle se calme. C’est instantané. Mais si je ne bouge pas, elle recommence. Alors, je marche en la promenant.

L’accompagnante : Que pensez-vous de la situation ?

Amélie : On pense qu’on l’a habitué aux bras et qu’aujourd’hui, elle en a besoin. Si je ne veux pas l’entendre râler et bien, je fais tout avec elle dans les bras. Bon maintenant à 3 mois, je trouve ça épuisant. Des copines utilisent le porte-bébé, mais j’aime être libre de mes mouvements, alors je ne le fais pas.

L’accompagnante : Alors, qu’est-ce que tu fais ? Tu réponds à sa demande ?

Amélie : Et bien je la laisse pleurer. Sauf qu’elle s’énerve et pleure tellement fort que je la reprends. C’est un peu là que je me sens partagée.

Paul : (silence) oui, en effet. Pour moi, si Léa se calme quand on la prend, c’est qu’elle en a besoin. Et, je me rends compte que je n’aime pas l’entendre pleurer ou râler non plus. En même temps, quand on questionne autour de nous, on nous dit de la laisser pleurer, sinon elle va faire des caprices et nous mener par le bout du nez. Et quand on la laisse pleurer, on sent bien qu’elle n’est pas bien non plus.

L’accompagnante : Je voudrai comprendre quelque chose. Actuellement, est-elle contemplative ou commence–t-elle à attraper les objets ?

Amélie : un peu des deux. Quoi qu’elle est vachement dans le regard. Regarde, tu vois comme elle nous regarde. Elle veut tout voir.

L’accompagnante : elle regarde et nous écoute. N’est-ce pas, Léa ? Dis donc, ça te plait d’être sur les genoux à faire la pendule. (Léa décolle son dos, puis revient en arrière pour se poser contre le buste de l’accompagnante).

Amélie : Si elle attrape quelque chose, c’est plus par hasard ou bien ce qu’on lui donne. Quand elle est dans mes bras pendant qu’elle tète, elle commence à m’attraper les cheveux, par exemple.

L’accompagnante : d’une façon générale, vous trouvez qu’elle a quel genre de tonus ?

Paul (enjoué) : très tonique. Oui, je trouve qu’elle a toujours la pêche.

L’accompagnante : ah, tu sais Paul, quand on me dit ça, j’ai plutôt l’habitude de faire un peu la grimace. Car, physiquement, c’est plus révélateur de tension que de souplesse ?
L’accompagnante propose un petit jouet (un petit citron tout mou avec des petits bras). Léa donne un coup de tête pour l’attraper avec sa bouche. Fait–elle souvent ça ?

Amélie : ah, je n’avais pas remarqué. Maintenant que tu le demandes, j’ai remarqué qu’elle ne se pose que dans nos bras ou quand elle s’écroule pour dormir. Tu vois, sur le transat, j’ai l’impression qu’elle fait plus des abdos. Elle fait beaucoup d’effort. C’est peut-être ça qui l’énerve ?

L’accompagnante : il me semble, en effet. Où la posez-vous principalement dans la journée ?

Amélie : sur le transat. Parfois, sur notre lit ou le canapé, assise, calée avec des coussins.

L’accompagnante : ok. Tiens, pause-toi contre moi, Léa. Tu n’es pas obligée de forcer. Est-ce que vous voyez que même soutenue, elle est toujours en train de tirer vers l’avant. Très bien, c’est ça que je te demande. Ah, tu vois, t’es contente de toi ? (Léa sourit). Bien, je crois que vous avez une petite fille très intelligente. N’est-ce pas, Léa ? Oh, mais qu’est-ce qui t’arrive ? Vous voyez ce qu’elle fait ?

Amélie : oui, elle se tortille comme un ver.

L’accompagnante : hum, hum. Regardez, elle recommence. Ah, je crois que tu en as marre. Bon, je vais te poser sur le tapis. Voilà, je crois que ça te va. Regardez son visage. Elle se détend. Pouvez-vous vous imaginez 30 secondes qu’elle est en train de me dire « laisse-moi bouger toute seule » ?

Amélie : Quand elle fait ça, je crois plutôt qu’elle veut que je bouge.

L’accompagnante : c’est souvent ce qu’on croit. Un être humain, très tôt dans sa vie, ressent deux choses : qu’il va se redresser (et ce qui est la clé du développement de son intelligence) et qu’il faut que son corps soit en mouvement.

Paul : et bien, c’est exactement ce qu’on fait.

L’accompagnante : pas tout à fait, Paul. VOUS bougez. Pas elle. Elle voudrait utiliser son corps pour bouger, mais ne sait pas. Vivre dans un transat toute la journée, c’est le repos forcé toute la journée ! Alors, comme elle veut quand même bougée, elle force plus que de mesure pour satisfaire cette envie.

Paul : ok, je vois bien.

L’accompagnante : ainsi, vous avez raison, elle s’ennuie d’être dans l’impossibilité de bouger librement. Et dans sa réalité actuelle, bouger veut dire FORCER, ou forcer l’autre à bouger, c'est-à-dire VOUS, à faire ce qu’elle croit qu’elle ne sait pas faire.

Amélie (souriante): ah, je suis contente de te l’entendre dire. Je comprends mieux pourquoi elle exige vu qu’on lui obéit. Mais que peut–on faire ?

L’accompagnante : lui donner la place de bouger sans personne et lui laisser la place de se vivre redressée ou d’être active en souplesse.

Paul : sans personne ? Comment ?

L’accompagnante : Par exemple, sur un tapis au sol.

Amélie : on croyait que le tapis de jeu, c’était à 6 mois !

L’accompagnante : en effet, c’est ce qu’on croit. Comment réagit-elle sur le matelas à langer ?

Amélie : Ah, elle adore. Elle essaie d’attraper ses pieds. C’est rigolo.

L’accompagnante : c’est ça. Un plan à plat un peu ferme. C’est la liberté assurée pour des mouvements sur son axe. Elle peut voir tout autour d’elle. Tout son corps en entier peut être mobile. Il s’étend de tout son long, s’enroule en relevant les jambes, roule sur le coté. Le ver de terre, en somme. Un vrai plaisir.

Paul : oui, c’est vrai qu’elle est super bien sur le lit, mais cela dure peu de temps, on ne la laisse pas seule car elle peut rouler. C’est dangereux.

L’accompagnante : et, oui, elle a besoin d’évoluer dans un univers non dangereux, surtout si elle reste seule.

Paul : je réalise que c’est pour ça qu’on l’a laissé le plus souvent dans le transat sans se rendre compte qu’elle y était privée de mouvements.

L’accompagnante : Et oui, en plus, allongée sur le dos, elle devient responsable de son rythme. Vous avez entendu ? Je répète. Elle devient responsable de son rythme. Je bouge, je me repose. Le mouvement, c’est la vie. Mais, l’alternance, c’est la santé. Plus elle sera mobile, plus votre boulot sera de lui rappeler qu’elle peut se pauser, revenir dans son nid, se détendre et contempler.

Paul (rigole): c’est bizarre ce que tu dis. Cela me paraît tellement évident, mais je crois qu’on veut trop en faire. Parce qu’on croit qu’elle ne peut pas.

L’accompagnante : oui, comme beaucoup de parents, on sous estime les compétences du bébé. Ca nous arrange aussi de savoir qu’ils ont besoin de nous.

Amélie : pas vrai, papa ! (Paul sourit encore).

L’accompagnante : Vous avez vu comme elle a essayé d’attraper avec la bouche tout à l’heure. La bouche, c’est son premier lien avec l’expérience. Elle n’a pas encore compris qu’elle avait des mains pour attraper quelque chose. Présentez lui un petit objet long. Parfois, donnez lui. Parfois, laissez le à proximité d’elle. Vous voyez le citron, ça fait quelques minutes qu’elle le regarde. Je lui ai chatouillé la main avec. Maintenant, elle essaie de l’attraper. Attends, je vais te l’approcher. Hop ! Ca y est. T’es contente de toi, dis donc. (Elle lui caresse le ventre).

Paul : oh, elle est marrante. En plus, c’est elle qui va vers l’objet. Du coup, c’est encore plus grisant.

L’accompagnante : bon, maintenant, Léa, donne-moi tes petits doigts. On y va ? A la une, à la deux, à la trois. Voilà. Là, tu peux relever ta tête. Doucement. Tiens, tu veux la reprendre Amélie ?

Amélie : oui.

L’accompagnante : permettez lui de faire ce qu’elle peut faire. Accompagner ses mouvements sans forcer. Si vous ne la faites pas participez, elle restera passive ou résistera. Chaque jour, pour la coucher, la relever (comme maintenant), la changer et l’habiller, la baigner, si vous faites tout pour elle, d’une certaine façon, elle s’ignore. Alors, elle râle. C’est pour ça que je dis qu’elle est intelligente. Elle sait discerner ce qui la fait exister en tant que personne de ce qui ne l’est pas.

Amélie : combien de temps doit elle être sur le tapis ?

L’accompagnante : et bien. Si vous savez qu’elle y reste facilement 5 à 10 minutes, proposez-le lui régulièrement plusieurs fois par jour. Un petit peu plus chaque jour avec tout le reste. Elle cessera de râler quand elle comprendra qu’elle s’approprie ses mouvements, qu’elle sait quoi faire avec elle-même, avec son corps.

Paul : ah ! Je crois que je ne la vois pas grandir. Tu vois, ma cousine m’a raconté que sa fille, depuis 15 jours, râler chaque matin en partant pour la crèche. De la même manière, l’éducatrice de la crèche lui a expliqué que c’était le cas de tous les enfants de son groupe des 3 ans. Ils se sentent à l’étroit dans l’espace et avec les personnes qui s’occupent d’eux. Et ce qui est drôle, c’est que ces enfants exprimaient tous, l’envie d’aller à l’école. Bref, ils grandissent et avec eux sentent que leur espace a besoin de s’agrandir aussi. Je me rends compte que c’est ma façon de voir le bébé qui le limite. Mais pourquoi on ne nous dit pas ça avant ?

L’accompagnante : Parce que c’est quand les choses viennent à vous qu’on les remarque vraiment et qu’on en prend acte."
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MessageSujet: Re: 9 mois ...   9 mois ... EmptyMer 27 Jan - 19:06

7. Comment rassurer un enfant, qui pleure beaucoup?

"Véra : Mathéo a beaucoup pleuré dès qu’il est né. Le ventre vide, comme plein. C’était impossible de le laisser seul dans son berceau. J’étais déroutée. Heureusement, Manu était avec moi pendant les 3 premiers jours à la maternité.
Emmanuel : Ah, oui. On n’était pas de trop de deux. Véra était très impressionnée par la force de ses cris. 24 heures à ce régime, on a atterri vite et on a compris que le temps du rêve était fini.

Véra : Ha ! Ha ! Heureusement, Manu s’est rappelé notre dernière séance, celle du bébé. Tu sais. Tu nous avais dit qu’avec un bébé en siège, on devait lui redonner sa position pendant les premiers jours afin qu’il retrouve sa sécurité.

Emmanuel : oui, alors là, je n’ai pas cherché à comprendre. J’ai installé Mathéo contre ma poitrine comme s’il était dans l’utérus. Je l’ai porté assis en tailleur sur son coté, sa tête sous mon menton. On n’a plus cherché à faire quoi que soit d’autre, pendant 3 jours consécutifs.

Véra : si t’avais vu ! Mathéo a tout de suite réagi. On sentait qu’il s’est mis à écouter. Comme si tous ses sens s’étaient mis en alerte. Il a arrêté ses pleurs progressivement. Là, j’ai été bluffée par la persévérance de Manu.

L’accompagnante : Ah, bon pourquoi ça ?

Véra : bien, si tu veux. Pour moi, Emmanuel était tellement en retrait pendant à la grossesse.

Emmanuel : c’est ce que tu pensais, je n’en étais pas moins impliqué sentimentalement.

Véra : oui, en effet. J’ai été surprise du fait qu’il soit si confiant, dès le départ. Il s’en sortait même mieux que moi.

Emmanuel : Evidemment, Véra était trop tendue. Bon, je savais qu’elle était fatiguée après l’accouchement. En plus, toujours à se poser mille questions.

L’accompagnante : ah, ce n’est pas moi qui l’ai dit.

Véra : Ecoute. On ne peut pas effacer l’envie de s’appliquer. Mathéo était un vrai baromètre. Si je n’étais pas présente ou stressée, il hurlait. Manu me disait. Laisses tomber les épaules. Fais toi toute douce. C’est drôle, mais je ne me rendais même pas compte que j’étais crispée.

Emmanuel : tu sais, moi, je me suis régalé. Je m’installais sur le fauteuil, lui était posé dans ma main et couché sur ma poitrine. Sans le regarder, je sentais son apaisement. (Il regarde avec tendresse Mathéo qui dort, à coté, dans sa nacelle). Ma main était soulevée par son souffle. Cela m’apaisait tellement aussi. Plus, je le faisais, plus j’étais à l’aise. J’ai aidé Véra à l’installer ainsi. L’important pour moi était qu’on se sente à l’aise avec lui, pas seulement qu’il arrête de pleurer.

L’accompagnante : un vrai maestro !

Véra : oui, c’était rassurant pour moi qu’il tienne le cap. Avec mes seins, au début Mathéo cherchait à téter, alors je n’y arrivais pas. Je m’énervais. J’étais maladroite. Puis, on l’a remonté bien haut, sous mon menton. Il était calé entre mes deux seins. Et j’ai pu commencer à me sentir mieux. Tu sais, je croyais que j’allais m’en sortir mieux que Manu. J’étais frustrée de voir qu’il avait plus le contact que moi.

L’accompagnante : Ca arrive. Les femmes croient souvent que le fait de porter l’enfant 9 mois leur donne un privilège sur le contact. Or, dans le domaine affectif, être dans le lien, c’est vivre quelque chose de profond. Et Manu était plus attentif aux réponses subtiles de Mathéo.

Véra : Que veux tu dire par là ?

L’accompagnante : bien, toi tu étais dans tes questions, ta motivation et ta volonté de bien faire. Bref dans ta tête ! Un peu plus tournée vers toi, donc. Oh ! Ce n’est pas une critique, c’est une constatation.

Véra : Ah, oui, j’essayais de bien faire. Mais je n’étais pas vraiment dans une rencontre affective. Pourtant, je croyais l’être.

L’accompagnante : Oui, être juste là, ça se vit et ça ne se pense pas. Manu écoutait de tout son être et vivait les moments où il sentait l’apaisement de Mathéo. Il était ouvert à la réponse qui confirmait son sentiment d’être juste là. Tu sais, la réciprocité. Ce n’est pas parce que tu veux faire du bien à l’autre, que l’autre le vit comme ça. Ecouter vraiment, c’est ce n’est pas chose facile, j’en suis consciente. Aujourd’hui, je crois que beaucoup d’adultes et enfants ignorent qu’ils souffrent de ne pas être écoutés dans leur entièreté.

Véra : Tu sais, ce que tu dis fait écho avec la façon dont mon père avait de vivre. C’était un homme très silencieux. C’est lui qui m’emmenait chez le médecin pour mes vaccins, quand j’étais petite. Lors du moment critique, son regard me portait tout entière sans aucune parole, ni geste de réconfort. Tout était dans son regard, sa douce présence. J’étais dans une absolue confiance. Je n’en reviens pas de me rappeler de ça, maintenant. Sans qu’on se le dise Manu m’a beaucoup aidé à aller vers ça. Il a été super. Il me montrait et me disait « goûte simplement ce qui est bon ». Tu sais, apprécier le chocolat !

L’accompagnante : Ah ! Ah ! Ce fameux chocolat. C’est agréable, n’est ce pas ?

Les deux : Oui.

L’accompagnante : Que s’est il passé ensuite ?

Véra : On s’est relayés jour et nuit afin qu’il se retrouve, dans sa sécurité.

Emmanuel : de temps en temps, on essayait de le remettre dans son lit. Il pleurait à nouveau, moins fort, quand même. On a donc continué.

Véra : Puis, Manu est reparti travailler, le 4ième matin, il le fallait bien. La nuit, Mathéo dormait avec moi dans le lit. On ne disait rien à personne. Puis, ce matin-là, comme je devais aller me doucher, je ne voulais pas le laisser dans le lit. Sans y penser, je l’ai posé dans son berceau en plexiglas et suis allée à la douche. Là, je me suis dit, il y a un truc qui clochait.

L’accompagnante : Quoi ?

Véra : C’était silencieux. Tu ne t’imagines pas. Il n’avait pas pleuré une seule seconde. Je suis allée le voir. Incroyable. Il dormait comme un bébé. Je suis repartie terminer ma douche totalement détachée de toute préoccupation à propos de lui. J’étais légère. Tu me crois si je te dis que pour la première fois, pendant ces instants, j’ai eu une impression de me sentir libre.

L’accompagnante : Libre de quoi ?

Véra : je ne sais pas. Libérée d’un poids, peut-être, parce je le sentais bien et moi aussi.

Emmanuel : le plus important, c’était que Mathéo avait trouvé calme et apaisement. C’était tellement extraordinaire, elle m’a envoyé un texto. « Mission accomplie ! » On est bête, n’est ce pas ?

Véra : Il faut bien être gaga un peu. Mais, attends, ne présente pas cela comme si tout était joué. Il faut te dire qu’en rentrant à la maison, ce n’était plus la même chanson. Il a recommencé à pleurer. Alors, on a recommencé à le mettre assis en tailleur sur nous ou en tout cas dans le contact. Une journée entière et de nouveau et il s’est retrouvé tranquille.

L’accompagnante : comment avez-vous géré cela ? Tu étais toute seule ?

Véra : oui, manu travaillait. Il y avait des moments où j’avais du mal à être disponible. Je veux dire, vraiment là. Alors, comme j’étais trop épuisée pour faire plus, je me suis couchée et j’ai seulement goûté au plaisir d’être avec lui, pas plus. Ca a été une journée cocooning.

Emmanuel : On avait l’impression, par la suite, que dès qu’il y avait un trop de changement, il recommençait à perdre pieds. Tu vois, il avait besoin d’un temps pour s’adapter à ce qui se passait, puis il revenait dans sa tranquillité.

L’accompagnante : comme par exemple ?

Emmanuel : Je ne sais pas, voyons. Un jour, cela s’est passé. On a passé la journée chez mes parents. Toute la nuit et la journée suivante, on a retrouvé un petit monstre. On était dans un sale état. On s’était trop lâchés d’un coup.

Véra : oui, fallait le voir. Il a passé la journée aux bras entre oncles et tantes. A 15 jours, ça se comprenait. Mais bon, pour nous, on avait envie de ce moment de présentation avec la famille. Un coup de voiture, des sollicitations par ci par-là, une journée hors de la maison. Bref…

L’accompagnante : ah, oui c’est normal. Et, maintenant.

Véra : A peu près bien. C’est un peu au jour le jour. Il y a des périodes où ça va et d’autres où on a l’impression d’être comme au premier jour, avec le stress en moins. Parfois, j’ai quand même des coups de stress. Cela me prend aux tripes. Mais, j’arrive à me détendre. En plus, on s’aperçoit que cela arrive de façon épisodique. Il se calme plus vite qu’avant. L’essentiel est qu’on n’est pas inquiets.

L’accompagnante : quand j’ai eu mon premier enfant, j’ai réalisé que chaque jour avec un bébé était une VIE. On crée et se recrée sans cesse. C’est chouette ?"
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